MAGIC #5805-02-2002
L'ouverture du CD nous
invite à une apnée en ambiant sombre et brumeuse.
Les arpèges de guitare dissonent avec un certain flegme, le
moteur en bruite de fond monte implacablement, et, soudain, la
deuxième plage débouche sur cet hymne pop,
guitares noisy et maracas à l'appui. Couplets et refrains
sont chantés d'une voix à la fois adolescente et
un peu cassée. On dirait que LUNT est passé par
My Bloody Valentine, et le chant fait ressurgir des voix qui seraient
bien désuètes dans n'importe quel autre morceau,
de longues notes soutenues sur fond de guitares saturées.
Mais on pousse alors jusqu'au point où tout se brise : les
guitares basculent comme dans une chausse-trappe, et le chant erre dans
un monologue au delà du réel (Hope's Twilight,
délicieusement schizophrénique). Sur la
moitié des titres (les plus destructurés), Lunt
préfère sampler des films tels que Trust Me. Cet
album est la première sortie du label toulousain Unique
Records, qui s'est juré de nous sauver de l'uniformisation
du marché, et l'univers de Lunt, où les
influences contraires se heurtent sans cesse les unes aux autres, nous
ébranle parfaitement.
Abus Dangereux25-12-2001
L'entrée dans ce premier album de Lunt se
fait comme une plongée de nuit, dans une mer d'huile. Un
long instrumental tout en ambiances, calme au premier abord, puis
traversé de frissons electriques, de samples de voix en
arrière plans. On pense à Sonic Youth, aux
groupes de chez constellation comme Do Make Say Think. Changement
radical de direction pour le second titre, chanté, plus
simplement pop, aux limites du post-rock. Puis à nouveau
c'est l'immersion dans un monde aux contours flous et mouvants.
Mélange subtil d'ambiant et de noise. Avant d'alterner
à une autre reprise. La musique de Lunt a deux visages bien
distincts qui se fondent parfois sur les titres suivants, le chant
propre aux côtés pop venant se poser sur les
ambiances. J'avoue préférer leur travail
instrumental, vraiment bien ficelé, le chant (Porutant
correct) étant, à mon avis, encore perfectible.
Ceci étant dit le disque est tout à fait bon et
ce groupe pour le moins intéressant, possède de
grandes capacités qu'ils n'ont pas encore toutes
explorées.
Buzz15-12-2001
Toulouse
a décidément le don pour les musiques explosives.
Le fameux chaos livré par le chant du cygne de Diabologum "
#3 " continue de faire des vagues jusqu'à cette nouvelle
incarnation du désordre répertoriée
sous le nom de Lunt. Lunt ou la solitude éclatante.
Décrit comme " un personnage étrange, capable de
rester seul des heures dans son home studio a remanier ses compositions
en éprouvant la matière sonore dans ses
dernières limites ", Gilles Deles fait partie de ces
musiciens pour qui l'inconfort est la recherche et inversement. Mais si
ses deux chocs musicaux fondateurs semblent le " Spiderland " de Slint
(groupe et album mythique comprenant à l'époque
rien moins que Will Oldham, David Pajo et David Grubbs, aujourd'hui
pontes du folk et du post rock américain) et
l'œuvre de Sonic Youth, Lunt ne s'est pourtant pas
contenté de livrer un des ces albums de post rock bruitiste
tendance Mogwai ou Labradford qui réjouissent les puristes
par leur monotonie mais laisse les amateurs classiques à la
limite de l'ennui répétitif.
Car la solitude qui a présidé a la
naissance de " Lunt " a donné à Gilles Deles la
liberté de réunir des univers musicaux bien plus
larges. Au cours de ce premier album aussi bien composé
qu'équilibré, on croisera donc des
montées d'adrénaline (The Black Butterfly,
tendance Labradford) mais aussi des cocons post folk (Final Song,
tendance Low), des poussées de fièvre (Hope's
Twilight, tendance Sonic Youth), des ballades pop alanguies (Love Is
Wasted Time, tendance Pavement), et même, sur One Day, un
certain sens de la mélancolie évasée
qui n'est pas sans rappeler les tout premiers Cure.
L'écoulement de toutes ces musiques
réservées à un public averti reste
pourtant fluide et évident puisque la majorité
des morceaux sont, louable trahison du post rock, chantés.
Ou de moins nimbés dans des paroles tantôt
criées tantôt marmonnées où
l'on devine que la joie et le bonheur ne sont évidemment pas
l'inspiration première.
Acte fondateur d'un label (Unique Records,
déjà à suivre) et d'un artiste (Gilles
Deles), le premier album de Lunt s'avère donc un
résumé plus qu'enthousiasmant des divers courants
musicaux arides sans pour autant en emprunter les travers
expérimentaux parfois trop extrêmes. En combinant
musiques qui apaisent à l'esprit et mots qui cognent
à l'âme, " Lunt " est de ces albums dont
l'intelligence, la sensibilité et la remise en question
permanente pourraient presque devenir communicatives.
NOVA (planet)12-03-2002
L’album
est sorti depuis quelque temps mais est resté discret
malgré les louanges. Il n’est pas donc trop tard
pour remarquer ce disque sensible et parfois dérangeant,
où le chant peut se faire faux, l’accord
raté, le son crissant. Ce one man band dirigé,
écrit et mis en ondes par Gilles Deles est le travail de
longues heures en home studio, choisissant comme
l’apothicaire les ingrédients un par un, et tel le
laborantin, mélange les bruits et la guitare, un peu
à la façon de Sonic Youth dont il affectionne le
côté bruitiste. On passe du morceau pop assez
classique, bien qu’un peu tordu, à des titres
nettement plus expérimentaux, où la guitare crie,
où les bruits météo posent une
ambiance déconcertante. Une nuit pluvieuse avec orage
hurlant et rideau de gouttes non stop.
RSC
Fear Drop14-03-0202
Pour Gilles Deles du label Unique Records, la guitare
est aussi le vecteur d’une immense palette
d’émotions. Sous le nom de Lunt, il parcourt les
cordes pour leur faire dire leurs histoires les plus
mélancoliques, superpose les arpèges discrets et
les effets insectoïdes, les grincements et les drones. Le
langage est vaste mais l’on ressent une grande
unité dans la diversité, un esprit
épris de nuances, rayons / cordes issus d’un
même centre.
D.B.
Ce mois-zy25-04-2002
Seul maître
à bord du vaisseau Lunt, Gilles Deles développe
des ambiances très personnelles et assez
familières. On est pas très loin des
expérimentateurs de chez Constellation. 10 titres d'un
post-rock bien noisy qui croise les guitares de Sonic youth aux
passages planant de A Silver Mt Zion, en passant par les tapages
bruitistes du « Spiderland » de Slint. Tout au long
de cet album, les guitares installent un univers inquiétant
et étrange. Dès le premier titre Loretta is
Dreaming , Lunt pose ses conditions, un morceau sombre tout en nuances,
aux nappes électroniques, craquements et guitares
saturées version Dead Man, pour se finir en
véritable déluge sonique. The closer absence et
warm rain taste like tears sonnent comme deux ballades douces et
mélancoliques que ne renierait pas My Bloody Valentine. On
croise aussi un titre pop-folk Love is wasted time, qui semble tout de
même un peu perdu dans l'univers de Lunt. On trouve
également au détour de certains morceaux,
quelques samples habilement utilisés de Michel Portal, Hal
Hartley ou Bastärd. Sur cet album, Lunt réussi
à assimiler plusieurs style en les mêlant aux
musiques actuelles, avec une vision toujours très
personnelle. 1ère production pour le label Unique Records,
et le premier album d'un artiste à suivre… de
près !
Stéphane Sapanel
Let's motiv15-04-2002
Plus qu'un concert, la
célèbre cave rue tripière verra
naître le 1er festival du label indépendant UNIQUE
RECORDS, chantre de l'expression artistique et farouche adversaire du
consensus commercial. LUNT, jeune artiste toulousain à
l'identité musicale post-rock expérimental, en
est la signature fer de lance et l'un des membres fondateurs. Son 1er
album, éponyme, presque entièrement
écrit et réalisé par ses soins, est
éloquent sur la démarche et l'exigence du label.
Fouillé dans ses ambiances –
inquiétantes et complexes, à l'image de la
1ère piste d'intro ou encore du morceau « the
closer absence » - l'autre particularité de son
premier album est cette propension à user de distorsions
harmoniques et rythmique pour installer un malaise permanent. Lunt
bâtit son univers à coups de riffs
déchirants et d'harmonies tendues dont le
désenchantement le dispute à la
mélancolie du chant. Soigné et
déstabilisant. A ses côtés, on comptera
également CALL ME LORETTA et A PLACE FOR PARKS
SDZ n°1226-04-2002
Tout commence par un morceau de plus de 7 minutes, "
Loretta is dreaming ", atmosphérique,
répétitif, minimaliste, sombre, aux
croisées de Pan Sonic, Labradford et Godspeed You Black
Emperor!. Eteignez la lumière et vous serez
immédiatement transportés aux Instants
Chavirés à Montreuil. On retrouve cette ambiance
à la fois complexe et intime tout au long de ce premier
album de Lunt, par ailleurs première
référence du label Unique Records
dédié à l'expérimentation
et à l'exploration sonores. Peu à peu viennent se
greffer quelques samples ci et là ainsi que de courts
passages lorgnant aussi bien vers une pop aventureuse que vers le rock
indé bruitiste, à la manière de Sonic
Youth dont l'intéressé revendique à
juste titre l'influence. Guitare bien en main, Lunt vous invite
à découvrir des territoires musicaux peu
fréquentés mais pour autant souvent
mélodiques et remplis d'émotion. De plus, notre
homme a composé et produit le tout himself à la
maison, on ne peut donc que le féliciter.
LL
Unique Records, voilà un nom qui a au moins le
mérite de prévenir immédiatement
l'auditeur. Ce label indépendant toulousain fera tout son
possible pour se démarquer des productions musicales
habituelles, et nous le prouve avec sa première sortie,
à savoir l'album éponyme de Lunt. Petit coup
d'œil sur la bio pour découvrir que Lunt est en
fait le fruit du travail d'un seul musicien, Gilles Deles, grand
admirateur de Sonic Youth. On retrouve cette influence sous diverses
formes, que ce soit pour le côté parfois bancal de
sa musique ou pour l'apparition de guitares furieuses et bruyantes. Et
dans ce style, "One Day" se révèle être
une merveille : les guitares noisy apparaissent par intermittence pour
finalement exploser sur toute la fin du morceau, pour deux minutes de
déluge sonique. On retrouve également ce
goût pour un rock noisy sur les excellents "Hope's Twilight"
et "Witness", qui alternent moments calmes et passages plus bruitistes,
le tout acompagnés de sons électros parfaitement
utilisés. Mais Lunt ne se contente pas de puiser son
inspiration dans l'œuvre de Sonic Youth, son premier album
contenant en effet un éventail de styles beaucoup plus
large. Lunt se laisse ainsi aller à des
expérimentations planantes ("Loretta is dreaming") et
sombres ("The black butterfly", "Waiting for expectations") et
côtoie des rivages post-rock sur des titres tristes et
émouvants ("The Closer Absence" et "Final Song"). On
retiendra en particulier l'instrumental "Warm rain taste like tears"
qui rappelle les ambiances chères à Tom
Sweetlove. Lunt nous gratifie même d'un morceau construit sur
une base folk et agrémenté de guitares
électriques abrasives ("Love is wasted time") que ne
renierait pas Swell. Sur cet album, Lunt a su gérer, avec
brio, des influences aussi diverses que le rock noisy, le folk, le post
rock et l'électro pour construire un album
cohérent qui ne peut laisser l'auditeur
indifférent. Cet album m'a ravi, espérons qu'il
en soit de même pour vous...
Des
lignes de guitares à la SONIC YOUTH ou à la PIANO
MAGIC, une tension permanente et impalpable, des textes sombres et
subtiles, voici quelques unes des caractéristiques du
premier album de Gilles Deles, alias LUNT. Un disque emprunt d'une
maturité étonnante, qui se situe entre un
post-rock noisy et une sorte de folk avant-gardiste. Tantôt
bruitiste, tantôt épuré, ce disque
éponyme contient des morceaux incontournables,
évocateurs et phosphorescents : The black butterfly, One
day, Witness…Le parlé/chanté est
rempli d'émotions et toujours en décalage par
rapport aux mélodies ; seul l'accent français, un
peu trop appuyé, peut être avancé comme
un défaut.
A écouter absolument, cette
première référence du label Unique
Records est un gage d'espérance et d'excellence pour
l'avenir.
Quentin Deve
Des
lignes de guitares à la SONIC YOUTH ou à la PIANO
MAGIC, une tension permanente et impalpable, des textes sombres et
subtiles, voici quelques unes des caractéristiques du
premier album de Gilles Deles, alias LUNT. Un disque emprunt d'une
maturité étonnante, qui se situe entre un
post-rock noisy et une sorte de folk avant-gardiste. Tantôt
bruitiste, tantôt épuré, ce disque
éponyme contient des morceaux incontournables,
évocateurs et phosphorescents : The black butterfly, One
day, Witness…Le parlé/chanté est
rempli d'émotions et toujours en décalage par
rapport aux mélodies ; seul l'accent français, un
peu trop appuyé, peut être avancé comme
un défaut.
A écouter absolument, cette
première référence du label Unique
Records est un gage d'espérance et d'excellence pour
l'avenir.
Quentin Deve
JADE WEB09-05-2002
Utilisant
les détours complexes de la guitare, ses chemins de
traverses, le champ de ses possibles, Lunt -Gilles Deles tapisse les
recoins de nos désirs de vibrations saines, propices
à l'évasion : une exégèse
de ses travaux les plus aboutis, des partitions intimistes, qui se
jouent à la clarté dispendieuse de la lune ou se
superposent en strates référencées,
filtres, samples de voix lointaines, et tournures de style, vocabulaire
rythmique emprunté à la musique classique jamais
éloigné de Bästard (the black butterlfy)
ou des expérimentateur de Rune Grammophon (Loretta is
dreaming), mais dans une approche plus personnelle, solitaire,
pourrait-on dire. Un talent qui se confirme notamment dans sa
quête de source, où Albert Ayler, Hal Hartley,
Bästard et Michel Portal se croisent au détour de
samples ciselés. Un bémol : Love is wasted time
avec ses accents pop fait un peu tâche dans le beau
développement de l'album.
Un carrefour d'influences aériennes et dissonantes se joue
sur Hope's twilight (superbe) Waiting for expectations, ou one day,
jamais très éloignés de My bloody
valentine, Joy division ou des premiers Ulan Bator (2°), autant
de titres et d'artistes chez qui on retrouve ce même soin
consommé à la composition de ballades froides et
brumeuses.
JJ
Zatapathique12-06-2002
Gilles
Deles voue une admiration à Sonic Youth et leurs guitares
électriques. Tout comme le groupe new-yorkais, il est ouvert
au jazz et à l'électronique. Avec l'aide de ses
amis du label toulousain Unique Records (monté sur cette
rencontre), il livre un 1er album sous le nom de Lunt. Les compositions
oscillent entre l'électrique et le folk, entre bruits et
silences. On croise également dans l'univers de Lunt
quelques réalisateurs "arty", Hal Hartley et Kevin Smith
à l'occasion de samples. Enfin je vous laisse
découvrir tout ceci, puisque Lunt mérite votre
intêret ! »
POPINGAYS21-06-2002
Nous étions sans
doute un certain nombre à penser le vaisseau de Daydream
Nation (Sonic Youth, 1988) définitivement perdu dans
l'espace interstellaire. On avait bien retrouvé quelques
restes post-rock, de-ci de-là, mais jamais vraiment rien de
bien concluant. Lunt semble pourtant nous apporter d'autres nouvelles :
l'odysée continue, l'équipage a changé
mais le plan de vol reste le même. Alors,
évidemment, on a envie d'y croire. Et on suit donc Lunt dans
ce premier album plein d'ambitions. Incontestablement, Lunt
maîtrise parfaitement les machines et sait en faire ressortir
toute l'étrangeté : une atmosphère
vaguement inquiétante s'installe très vite, on se
laisse porter par une guitare qui semble pleine de
mystérieuses promesses, à peine distrait par
moments par quelques échantillons venus d'ailleurs et de
grandes accélérations bruyantes. Parfois l'engin
a des petits ratés, des petites faiblesses, notamment au
niveau du chant, mais à part cela, et pour notre plus grande
joie, le voyage sonique reprend, en effet.
PhC
ClarkNova23-05-2002
Avec LUNT Unique
records se lance dans la grande aventure de «
l'indépendant » même si le terme est
réguliérement baffoué. Dans ce cas de
figure il est adéquat. LUNT est le pseudo de Gilles Deles un
activiste et passionné de musique «
déviante ». Il nous fait découvrir sur
son album éponyme ses introversions musicales.
On ne peut pas se fixer sur un style musical unique
à l'écoute de l'album mais plutôt
à une appropriation intelligente de diverses influences tel
que le folk, le post rock, l'électro… Il y a une
approche LO.FI « one day », « love is
wasted time » dans le traitement du son qui vous
ramène au meilleur de Pavement. Les samples sont assez
« Labradfordiens », brumeux ,sombres mais
légers « Loretta is dreaming »,
« Warm rain taste like tears », « Final
song ». Mais LUNT brouille les pistes sonores et peut pencher
du coté expérimental Guitaristique «
Hope's twilight », « the black butterfly
». L'internationale ne peut qu'encourager ces initiatives .
Magic Box30-06-2002
Derrière ce nom de
Lunt se cache Gilles Deles, l'unique personne aux commandes de ce
projet qu'à défaut de mieux, on qualifiera de
post-rock. Car la musique de Lunt est assez inclassable, toujours
à la limite de l'expérimentation. "Love is wasted
time" et ses slides guitares saturées reste la seule
incartade vers un monde folk-rock balisé mais toujours
fréquentable.
Pour le reste, Lunt navigue à vue dans des
eaux forcément troubles. Le long "Loretta is dreaming" en
ouverture nous immerge dans ce monde où il faudra oublier
ses repères. On pourra citer Labradford, Mogwai ou Sonic
Youth (" Hope's twilight" ou "one day" parmi les meilleures
réussites de l'album). Mais force est de
reconnaître que la musique de Lunt obéit
à une alchimie qui lui est propre. Cette musique d'ambiance
et de textures (en plus de "Trust me" de Hal Hartley, Gilles sample des
bruits du quotidien) trouve son équilibre en opposant le
silence et le bruit, le vide et le plein. Le nouveau label toulousain
qui accueille Gilles Deles porte bien son nom : unique records.
Loretta
Is Dreaming, comme le jour qui se lève et enveloppe pas
à pas l'espace. Sans trop de soleil. Des bribes
électroniques, des cordes de guitares qui
s'éveillent et s'étirent patiemment, en ouvrant
lentement les yeux sur le miroir déformé du
monde. Premiers dialogues lancinants avec
l'électricité ambiante, les tensions du silence
brisé et la vie alentour (le poste allumé ou
l'orage qui s'annonce). Sur son premier album, Lunt (l'unique Gilles
Delès) entrouvre la porte d'un univers aux contours un rien
schizophrènes, dans lequel les accents noisy-pop suivent de
près les ombres instrumentales, ces atmosphères
malades et pesantes qui ont perdu la parole sur les routes sombres et
déstructurées de
l'électricité.
Chez Lunt, les guitares se portent libres comme chez Sonic Youth, avec
les mêmes mots emplis de violence sourde, en suivant du
regard les fréquents changements d'humeur du ciel. Ne pas se
fier donc au folk torturé de Love Is Wasting Time : si Lunt
reprend parfois une histoire familière, c'est en partant
vers l'inconnu, l'intime enfin à découvert, dans
le bruit et les silence étouffés, là
où les voix se sont depuis longtemps tues, que sa musique se
fait la plus passionnante : une musique vivante qui suit son propre
bourdonnement sur un fil tendu, les yeux fermés, quitte
à s'écorcher sur des paysages épineux,
à faire chavirer son rythme cardiaque, à
bousculer ses certitudes.
Des certitudes, il n'y en a finalement peu sur le disque de Lunt, comme
si cette musique restait inachevée, abandonnée
sur le bord d'une route américaine avec les
beautés cassées de ses sentiments (Warm Rain
Taste Like Tears ou le très beau Final Song).
D'où cette profonde soif d'être humain, de se
laisser enfin envelopper par cet étrange blues
fiévreux et saturé, cette chaleur triste en
équilibre fragile, ces larmes contenues dans quelques
mesures lunatiques de bruit blanc, de mélodies tortueuses et
de mots rares brûlés par la vie, qui
éclaireront quoiqu'il arrive les nuits à venir.
A DECOUVRIR ABSOLUMENT 13-06-2002
Lunt est aussi
mystérieux que sa pochette, un bâtiment froid,
sortant du noir par une lumière intime, sorte de fondation
sortie de terre depuis le mon oncle de Tati. Entre la
lumière et le noir Lunt n'a pas choisi,
préférant nous laisser dans le doute quitte
à décontenancer l'auditeur et
déstabiliser nos sens. Loretta is dreaming est un
lâchage de la bombe atomique de docteur folamour, histoire de
pouvoir reconstruire sur un terrain en friche. Sur celle ci Lunt
décline une folk song détraquée (love
is wasted time) qui fulmine en incantation proche de cette d'house of
love en pleine forme. De son penchant vers le visuel sortira The black
butterfly une déclamation là haut sur la lune en
cinémascope. Car sur la lune il vaut mieux s'y
réfugier quand arrive Waiting for expectations, ambiant et
instable, dans une jungle aux bruits inquiétants. Lugubre et
dépaysant, tout comme One day, chanté et
hanté. Morceau qui imbrique dans un rythme simple une
ambiance de fin de vie dans la déconstruction.
Tourneboulé, chaviré, extenué, the
closer absence ne sera pas notre répit, un post rock ou une
chanson folk, on ne sait plus très bien, et lunt non plus,
lui se laissant porté au gré de l'improvisation.
S'il habitait sur les côtes, sa musique serait
marquée par les vagues de la mer. Voulant sortir de cet
univers, Warm rain taste like tears happé d'une main par
Lunt, nous happe à son tour pour nous emmener, loin, car sur
Witness Lunt est loin. Tout juste perceptible sous des tonnes de micros
sonorités hybrides. Un post rock sans balise se plongeant
dans une fin " sonic youthesque ". Le gang de new York sera d'ailleurs
l'influence de cette fin (final song) qui prend autant ses racines chez
syd barret que chez eux. Une chanson de fin cataclysmique sur du cours
terme, mais aussi la remise en cause du principe même de
stabilité. Lunt est instable, nous faisant chavirer pour
mieux nous effrayer. Mystérieux et unique..
Gérald De Oliveira
Lunt
est le jouet de Gilles Deles. Il enregistra la totalité de
l'album seul. Terrifiant. Son premier album commence avec un long
morceau instrumental de 7 min 50, la bande son perturbée
d'un film imaginaire dérangeant. "Love is Wasted Time", le
second titre, est une pop song qui se transforme au final en une
chanson postrock démente.
Rien n'est certain. Hormis quelques
expérimentations noisypop, la majeure partie du disque
ressemble à A Silver Mt Zion en plus fou et plus bruitiste.
C'est un travail ambitieux, certains pourraient même dire
prétentieux. J'ai toujours eu tendance à adorer
les disques monolithiques qui sont soit adulés soit
rejetés. Avec ses mélodies prenantes, son
utilisation intelligente de samples de films, de boucles et
d'arrangements ingénieux, les chansons de Lunt sonnent
à la fois luxurieuses et épurées.
Leurs structures labyrinthiques nous emmènent directement
pour un voyage dans l'enfer intérieur de l'auteur.
Un début impressionnant.
À
travers ce premier album, Lunt, alias Gilles Deles, dévoile
un univers mélancolique et langoureux plutôt
séduisant. Les premières sonorités du
disque nous plongent en pleine énigme
atmosphérique, pas si loin d'un remake du "Middle" des Pink
Floyd. Puis la suite oscille entre mélodies pop et ambiances
postrock. Le mot est lâché. Car, si le terme
définit encore un style, alors Lunt désire sans
aucun doute y être rattaché. Mais où se
cache la sensibilité personnelle ? L'effort reste trop
rattaché aux disques de ses idoles. Les guitares
épurées sont belles, les samples bien choisis,
les ambiances feutrées… Malheureusement, si tout
cela aurait pu donner un album excitant il y a quelques
années, il tombe aujourd'hui dans tous les
clichés du style. Comment ne pas sentir la marque
indélébile du premier album de Purr (chant et
samples), lui-même marqué à
l'époque par le "Spiderland" de Slint ? C'est dommage, car
pour un album fait tout seul, Lunt prouve de grande capacité
de composition, et une maîtrise indéniable de ses
instruments et des mélodies qui en sortent. Il ne lui manque
pas grand-chose pour sortir un deuxième album marquant ;
juste sortir de ses influences, et trouver sa voie. En attendant, il
n'est pas le premier à tomber dans le piège, et
montre, contrairement à d'autres, beaucoup de talent, donc
je resterai indulgent, et j'attends de voir l'orientation que prendront
ses prochaines productions.
[mg]
DMUTE16-07-2002
A
l'écoute des dix titres de son album éponyme un
constat s'impose: le noir sied bien à Lunt. Les
expérimentations sonores présentes sur cette
album ont en effet une tonalité commune: une certaine
noirceur, mais entendons-nous, Lunt évite
l'écueil d'un album claustrophobique et glauque, et ne
s'enferme pas dans une désespérance sans issue.
Loretta is dreaming, morceau d'ouverture, sorte de croisement qui
aurait viré au cauchemar entre Rothko et Tortoise,
étire ses atmosphères crépusculaires
à coup de guitares distordues sur fond sonore
inquiétant. Love is wasted time est une pop song
déviante qui titille l'auditeur grâce à
des sons de guitares savamment trafiqués. La suite de
l'album confirme le goût de cet artiste talentueux pour les
guitares, dont il tire des sonorités étranges et
variées. Une grande attention est portée aux
ambiances sonores:Lunt a fait le choix d'un post-rock sombre, mais
étrangement, l'auditeur sort souvent
épaisé de l'écoute de certains
morceaux, comme sur The black butterfly. Attardons nous un peu sur
Hope's twilight, magnifique morceau où le chant
mélancolique de Lunt s'accorde délicieusement aux
guitares : un rêve flottant que l'on souhaiterait entendre se
prolonger. Waiting for expectations, One day le confirment: Lunt avance
en équilibre sur un fil musical tendu entre dissonance et
sonorités plus caressantes. Cet entre-deux fragile fait
paradoxalement la force de cet album, sa difficulté
d'approche peut-être aussi: la musique de Lunt, comme toute
bonne chose, se mérite! Imogen
Emoragei (Canada)15-09-2002
Lunt se résume au bon vouloir d’un
seul homme : Gilles Deles. Ce Toulousain n’a semble-t-il pas
eu à se soumettre aux compromis qu’engrange une
vie en groupe, en cercle fermé. Il vaut donc mieux
être seul que mal accompagné comme dit le dicton.
Le voilà seul pour son album éponyme et cela
s’entend pour le meilleur comme le pire. Un départ
expérimental ambiant dans des nimbes rappelant vaguement les
atmosphères de Programme (autres Toulousains ), cette
entrée a de quoi créer l’interrogation,
qu’est-ce que sera la suite ? elle s’articulera en
grande partie sur la guitare ( à la fois folk, rock, noisy,
esseulée ), la batterie fragile et
répétitive, un jeu d’effets qui
déboulent et enrobent. Sonic Youth a probablement
insufflé une envie profonde à Deles,
l’envie d’apprivoiser par des chemins de traverse,
un espace vierge et flou pour en concevoir le décor. Un lieu
aux contours nébuleux, brumeux et inquiétant.
Lunt s’invente également des personnages, des voix
et paroles sur un ton monocorde. Deles aurait pu, aurait dû
sabrer sur la durée, recentrer ses tentations afin de mieux
les élever à la hauteur de ses inspirations. Lunt
ne manque pas d’idées, loin de là, mais
une traversée en solitaire se prépare
minutieusement car les erreurs se paient comptant.
Gilles Deles, el primer artista en el que se
fijó Gerald Guibaud para poner en marcha Unique Records es
un músico prácticamente autosuficiente que asocia
la acción de componer música a la idea de
experimentar (mejor dicho: 80% experimentación + 20%
reciclaje). Así surgen composiciones como "Waiting for
expectations" que podría figurar en la banda sonora de
alguna película de David Lynch con esa atmósfera
tan inquietante. Y no es la única con hechuras de banda
sonora, porque hay más muestras en el álbum de
música con texturas cinemáticas, sirva
también como ejemplo el primer corte, "Loretta is dreaming".
Hay que decir que el espíritu de los Hood más
inquietos sobrevuela en algunos momentos el disco (os suena de algo
"Filmed initiative?) y que éste también tiene
unos cuantos retales cosidos a base de noise que van desde los Pavement
del "Wowee Zowee" de "Love Is Wasted Time" a algún que otro
arrebato guitarrero a lo Sonic Youth, el grupo favorito de Lunt.
Morgan
Le label toulousain Unique Records a
été créé à la
base uniquement pour commercialiser la musiquede Lunt, sur l'initiative
d'un ami du musicien, ébloui par ses enregistrements. Unique
n'existerait passans Lunt, et ce dernier le lui rend bien, en offrant
au label une première production de
grandequalité. Tout commence par un magma sonore saisissant,
entre élucubrations expérimentales etlarsens de
guitares à la Sonic Youth. Les autres titres se situent
ensuite dans la lignée des morceaux mélodiques du
fameux combo new-yorkais, avec des réminiscences de Pavement
ou Will Oldham.
Un folk expérimental et minimaliste, parfois
puissant et embrouillé, parfois intimiste et touchant.
L'album est truffé de trouvailles sonores
intéressantes, parsemant les morceaux de bruits et de
séquences amplifiant ainsi la richesse des compositions. Un
très bel album pour un songwriter au talent
indéniable, puisant l'essence même de sa musique
dans ses influences les plus honorables, touten laissant
éclater son autonomie de la plus belle façon.
Stéphane Fivaz