Jean-Louis Prades a initié ce projet ambient/guitare
acoustique depuis la fin des années 90. Egalement membre du
duo Baka ! ainsi que du trio noise Sketches of Pain, notre lyonnais se
concentre désormais uniquement sur cette entité.
Ce troisième effort ne déroge pas à la
genèse du son Imagho soit un travail subtil
et harmonique sur les couches de guitares et les drones afin
de restituer une musique cinématique. Avec ses dix doigts et
quelques arrangements discrets, Imagho parvient à insuffler,
à coup de multiplications mélodiques, une
pureté flottante presque palpable. Nuancé selon
les morceaux de Ukulélé (le surdoué
David Fenech), de saxophone ou de voix féminine, cet
« Inside looking out », magnifique, vous fera
scintiller les ouirs dans la plénitude d’un
instant choisi.
Nico
Imagho a dix ans ! Et si l'évocation d'un tel anniversaire
ne sera pas d'une grande utilité à ceux qui,
nombreux, ignorent encore l'oeuvre que mène Jean-Louis
Prades sous ce nom, ce sera un indice pour tous les autres afin de
mesurer tout le chemin accompli durant cette décennie par
Imagho. Exclusivement instrumental et porté par les ombres
du post-rock, du jazz et des musiques nouvelles, Imagho a
signé quatre albums essentiels, ainsi que deux
collaborations, avec Ultra Milkmaids et Fragile, tout en essaimant en
multiples projets parallèles d'obédience plus
noise et improvisée (Baka!, Fovea, Sketches of Pain,
Frz-Imagho et Secret Name). Une oeuvre foisonnante donc, qui s'enrichit
aujourd'hui d'un nouvel album, Inside
looking out, où la musique d'Imagho se fait
plus posée que jamais, où la guitare, instrument
central d'Imagho, se veut caresse, tandis que s'invitent des voix et un
saxophone, ingrédients nouveaux au service de paysages
sereins et mélancoliques, baignés de pluie et de
brume. Et comme un tel anniversaire se devait d'être
fêté dignement, Inside looking out
s'accompagne, en bonus, d'un second CD compilation intitulé Rythm / Treble 1998-2008
qui propose, en dix-huit titres dont six inédits, de revenir
sur le parcours, ô combien passionnant, d'Imagho.
Philippe Sandre
C'est aujourd'hui mercredi 2 avril, que sort officiellement le nouvel
album solo de Jean Louis Prades, sous le pseudonyme d'Imagho,
pseudonyme qu'il utilise depuis une dizaine d'années pour
signer son travail en solo. Intitulé Inside Looking Out il
réunit quelques délicieuses plages instrumentales
de guitare dans une veine musicale assez proche des douces errances
intimistes et spacieuses de Fred Frith, Jim O'Rourke ou de Bill
Frisell. Entre folk et jazz les douze titres de cet album
défilent comme une suite de paysages homogènes
que soulignent, avec beaucoup d'adresse et de discrétion,
quelques enregistrements réalisés en plein air,
un saxophone, quelques rythmes et quelques voix parlées ou
chantées. L'ensemble est de temps à autres
enrichi par de légères manipulations
électroniques qui élèvent ces fragiles
compositions vers des sphères imaginaires et
poétiques dont on ne souhaiterait jamais redescendre.
Eric Serva
Un peu plus de dix ans de carrière pour le guitariste
Jean-Louis Prades, natif de Saint-Etienne, avec plusieurs albums solo
à son actif, dont les très beaux Nocturnes
en 2002 et Someone controls electric guitar en
2005, que je suis en train de découvrir. C'est la magnifique
pochette de ce nouveau double-CD, Inside looking out,
qui a attiré mon attention. [Il arrive que
l'intérieur soit décevant : aussi n'ai-je pas
chroniqué le dernier album de Fields, Everything
in winter, au superbe livret conçu dans l'esprit
d'un Arcimboldo.]
Le guitariste a fait appel à quelques collaborations sur le
premier cd, notamment des saxophones, pour développer une
musique électro-acoustique délicate et
rêveuse, qui s'étire avec volupté dans
l'espace : une leçon de dépouillement et de
simplicité pour écouter l'intérieur de
l'extérieur. Le second cd est une compilation
très généreuse titrée rythm/treble,
1998-2008, idéale pour découvrir ce
musicien discret et sensible.
Dyonis
Derrière un magnifique packaging qui évoque le
monde fantastique de Tolkien, Imagho présente son nouvel
album Inside Looking Out, nouvelle pierre ajoutée
à une discographie foisonnante. En effet, depuis 10 ans que
Jean-Louis Prades a choisi de faire partager aux autres ses vignettes
instrumentales imaginées, composées et
jouées en solitaire, il aura déjà
livré 4 albums, nombre de titres pour des compilations
diverses et a été crédité
de quelques collaborations fructueuses et remarquées,
notamment avec Fragile et Ultra Milkmaids. C’est que, si
Imagho se présente avant tout comme un virtuose de
l’intimité, adepte de pièces
instrumentales suggestives bâties autour de sa guitare, il
aime faire partager son univers. C’est ainsi que sur Inside
Looking Out, il a invité David Fenech et Vanessa Saraff
à poser leurs voix sur ses arpèges et
qu’un saxophone et quelques rythmes électroniques
font discrètement leurs apparitions pour apporter de
nouvelles couleurs à ses pièces de guitares.
Imagho s’écarte alors des errements
expérimentaux de certains de ses
précédents disques, pour adopter un format plus
concis et abordable. Avec l’aide de Hervé Thomas
(de Hint), ses morceaux exhalent un parfum folk sincère,
rehaussés d’une touche de jazz humble, voire
d’influences de musiques traditionnelles, parvenant
à exprimer tout à la fois le confinement de
l’intimité et les grands espaces. On entend les
cordes frottées et les glissements de doigts, et au fil des
notes qui se diluent en réverbération, on croit
deviner les respirations et les soupirs de son auteur. La brume laisse
alors filtrer quelques rayons de soleil éblouissant.
Et pour démontrer que cet artisan ne doit pas rougir de la
comparaison avec les maîtres du genre comme Jim O’
Rourke ou Fred Frith, Inside Looking Out est accompagnée de
la compilation Rythm / Treble, une belle occasion de retracer le
parcours d’Imagho au gré de morceaux
piochés ça et là et de quelques
inédits. On retrouve ici les belles pièces
électro-acoustiques qui illuminaient son album Nocturnes,
tel ce Bienvenue, composé à l’occasion
de la naissance d’une petite fille. Ou encore un morceau
improvisé et enregistré en live, Someone Controls
Electric Guitar #2, tout en frottements de cordes et boucles, et
d’autres exercices plus jazzy. En balayant sa discographie,
on appréhende un peu mieux encore la personnalité
d’Imagho, qui se dévoile avec modestie et
tendresse au fil des crédits et des notes qui accompagne
chaque morceau. Rythm / Treble reflète alors la musique
d’Imagho, improvisée ou minutieusement construite,
entre instantanéité et universalité.
Denis
Imagho pas de mot. Les mots manquent, la peau parle. L'organique
répond au synthétique. La transmission par
l'émotion, on touche car on émeut. Imagho avance.
Imagho fixe des points de rupture pour relancer un morceau. A fleur de
peau (lament) la proximité est immédiate, toucher
est alors physique, la sensation est palpable. Ecouter lament et
mourir, toucher du doigt (l'acte est là volontaire et non
subi) le passage vers l'autre côté. D'une musique
rentrée Imagho fait un disque de partage. Donner
après toucher, donc partager même si on frise
l'intimité. Dans un café, un jardin public ou une
cour d'école, Imagho n'obstrue rien, ne masque rien, non il
partage. On cherche des parrains car l'enfant est beau, mais l'enfant
est grand et son passé est aussi offert, l'offrande est ici
physique. Le physique cela se touche, ça touche aussi,
Imagho touche, touche au but, élargir l'instant en une
éternité avec des limites, ne jamais obstruer.
Prendre une base simple, laisser la note vivre, la laisser perdurer,
attendre l'arrivée de l'autre avec délectation,
profiter de l'instant, l'éternité....avec des
limites. Les électrons sont libres, ils gigotent, font du
bruit, semblent chanter sur une trame classique, jouir de la
liberté d'être un électron. Le bois
craque, il vit, il ne suspend pas le vol des notes, la main le touche.
Imagho poétise sans règle, sans un cadre rigide
et austère. La conquête d'un ouest (circaetes), un
pèlerinage pacifique et marqué du sceau de la
recherche du beau. Toucher, toucher, toucher...
Gerald de oliveira
C’est avec le 2ème album Nocturne (sorti en 2002
sur le label FBWL), que beaucoup ont fait la connaissance
d’Imagho, projet du musicien Jean-Louis Prades, auteur par
ailleurs de nombreuses collaborations sur divers projets
expérimentaux. Aujourd’hui, il sort son
cinquième album "Inside looking out" dans lequel on
découvre une musique folk bucolique, très
tranquille, à peine perturbée par quelques field
recordings et autres sonorités numériques.
Dominé par les guitares, "Inside looking out" propose, la
plupart du temps, des titres instrumentaux si l’on excepte la
participation de David Fenech et de Vanessa Saraff qui
prêtent leur voix sur deux titres. Un album tout en douceur,
qui peut rappeler certains travaux de Jim O' rourke et que
l’on pourra apprécier en plus d’un
second disque qui reprend des anciens titres d'Imagho ainsi que des
inédits… merci We Are Unique Records !
(8.0)
Benoît Richard
Dans la foulée de David Fenech (voir Muziq #13),
Fennesz, Gastr del sol, Tortoise, Imagho coordonne des abscisses de
guitares électriques et acoustiques qui prennent en compte
le schéma de l'invention. Inside Looking Out (We
Are Unique Records / La Baleine) est une collection de titres
joués sans jouer, c'est à dire
exprimés sans ornements à partir de
l'évidence que le temps nous échappe.
Guy Darol.
Imagho vient de fêter ses dix années d'existence,
mais pour bon nombre d'entre nous, ce quatrième album
tiendra plus du baptême que de la confirmation. Il n'est,
heureusement, jamais trop tard pour se convertir, et Inside Looking Out
constituera une excellente entrée en matière pour
le profane. Imagho est le projet solo du stéphanois
Jean-Louis Prades, guitariste protéiforme, actif au sein des
bruyants Sketches of Pain, des énigmatiques Baka!
ou du duo folk Secret Name. Le postulat de ses excursions solitaires ?
Produire des pièces instrumentales (souvent courtes),
accordant une place centrales aux guitares (acoustiques et
électriques), sur des tempis lents, des thèmes
mélodiques simples mais des trames harmoniques
raffinées. Le résultat est à la fois
très accessible et subtil, savant mais humble,
fréquemment poignant. Quelque part entre le Marc Ribot des
jours paisibles, les plages les plus oniriques de Gary Lucas et la
mélancolie sourde de The Durutti Column, Prades a
trouvé une voie personnelle, favorisant les ambiances
nocturnes, dans un climat de rêverie sereine ou de road-movie
hivernal. Parcimonieux dans ses ornementations (quelques sons
d'ambiance, des échantillons discrets en
arrière-plan), Imagho s'offre ici quelques featurings
délicats en conviant David Fenech au chant sur le bien
nommé Lament
ou en demandant à Daniel Palomo Vinuesa de lui tisser un
tapis de saxophones pour Circaetes.
Rien qui ne vienne entamer l'exemplaire sobriété
de cet attachant paysagiste sonore, dont on pourra d'ailleurs remonter
la discographie grâce à une compilation-bilan,
intitulée Rythm/Treble
1998-2008, offerte par le label dans la pochette de
l'album.
Alex Melis 3/5
Dans une suite presque logique de l’album Nocturnes
– son second, sorti en 2002, oui déjà
– Imagho aka Jean-Louis Prades poursuit sa voie, creuse un
sillon, tourne la vis. Toujours autant amoureux
d’arrangements qui font la part belle à une
guitare acoustique de renommée John Fahey, mais aussi
Takeshi Nishimoto, Robin Allender et bien sûr Jim
O’Rourke, le musicien stéphanois fait
œuvre d’artisan, au sens le plus noble et le plus
respectable du terme. Là où d’autres
vous cochonnent leur manque d’inspiration en deux hurlements
d’ampli, Prades remet sans cesse l’ouvrage sur le
métier, puisant dans son inspiration
cinématographique ("City of Glass" ornerait à
merveille les films noirs des années soixante) des
arpèges dignes des plus grands, augmentés
çà et là d’une
électronique d’autant plus discrète
qu’elle séduit. Œuvre d’un
mélomane que l’on devine acharné dans
sa recherche intemporelle des atmosphères recueillies (sans
pour autant sombrer dans la moindre sinistrose, bien au contraire),
Inside Looking Out bénéficie en outre de
l’apport de David Fenech (voix à la Antony Hegarty
et ukulélé sur "Lament"), Vanessa Saraff (spoken
word scandinave sur "Septentrion") ou Daniel Palomo Vinuesa (saxophones
sur "Circaetes", titre dont nous retenons toutefois davantage la
sublime partie de claviers ou les glissandi très americana),
tout en déployant des richesses harmoniques que seules les
écoutes attentives révéleront un peu
plus chaque jour. Pour couronner ce disque exemplaire de modestie ET de
talent, il est doublé d’une compilation de ses
meilleurs morceaux et d’inédits (Rythm/Treble
1998-2008). Gâtés que nous sommes.
Fabrice
Vanoverberg
N’ayez pas peur. On n’est pas devant le fronton
d’une église mais bel et bien devant le nouvel
album d’Imagho. Rien à voir sauf
peut-être que la passion qui anime Jean-Louis Prades, son
implication totale a quelque chose de mystique et touche à
la grâce. Si, si…N’ayez pas peur car le
guitariste chercheur de son, laborantin de l’onde et
improvisateur, exprime son moi intérieur dans une musique
dite « expérimentale ». ça y
est le mot est lâché et il y a à
craindre qu’une partie du lectorat est allé lire
la chronique d’en dessous. Pourtant, à
l’heure où le post-rock est devenu un genre
presque commercial, à une époque où
Jim O’Rourke fait de la musique depuis
déjà de nombreuses années, la musique
d’Imagho sonne presque comme familière
à nos oreilles. Quelques dissonances
maîtrisées, quelques larsens laissés en
liberté juste ce qu’il faut, Prades chevauche sa
musique avec plus de doigté qu'auparant ; il l'a laisse
vivre mais garde le contrôle, comme une éducation
réussie. Inside looking out ressemble presque à
un album de folk électrique, beau et courageux, qui distille
une profonde mélancolie. Cet album est aussi celui de
l’ouverture : des voix fragiles à
l’extrême (David Fenech et Vanessa Saraff, sur le
fil), un saxophone venu du jazz (Daniel Palomo Vinuesa) et un habillage
électronique pointilliste (Cyclyk) permettent sans doute
à Imagho de faire une musique plus humaine sans faire de
compromis au conformisme. On se près donc à
rêver que cet album touchant trouve le plus large des
publics. On peut toujours rêver. En tout cas, cet album
faussement less is more devient un beau marchepied pour la
rêverie. En tout cas n’ayez pas peur, cet album ne
mord pas mais caresse.
Denis Zorgniotti