"Téléchargez pour découvrir, achetez
pour soutenir". Voici le mot d'ordre de la micro-structure Unique
Records qui, contre les lois du copyright, propose certains albums de
son catalogue en téléchargement gratuit sur son
site, puis les distribue sous licence libre. Une belle initiative dans
le contexte actuel du marché du disque, qu'il convient de
saluer comme il se doit. Surtout lorsque cela nous permet de
découvrir des albums de la trempe de (We are now) Seated in
profile, troisième enregistrement de Valérie
Leclercq, et premier long format. La jeune musicienne belge, adepte du
home-recording en autarcie, a choisi cette fois de déleguer
la production à Gilles Deles, metteur en son pour Lunt et
Angil (autres pensionnaires du label). A la fois
ténébreuses et rassurantes, ses chansons ont
ainsi gagné en prodondeur acoustique, tout en
préservant l'essentiel. On y entend un piano ou une guitare
solennellement effleurés, une voix grave qui chante, surtout
pour elle-même. Des morceaux comme D'invisibles courtisans,
Fingers are Forks ou 1/4 pourraient ainsi reposer sans craintes entre
les joyaux dévastés de Nico et les miniatures
folk de Tara Jane O'Neil, creusant à leur façon
ce sillon vénéneux qui serpente dans le corps de
certaines femmes (fatales, cela va de soi).
Michaël Patin
L’univers
hanté d’une jeune Belge, entre Nico et Julie
Doiron.
Si Valérie Leclercq, alias Half Asleep, était un
animal, elle serait probablement une phalène ou une luciole
: un de ces fantômes graciles qui, dans le désert
des nuits, tiennent compagnie aux hommes restés en rade sur
les rives du sommeil. Cette jeune Belge, qu’on
découvre à l’occasion de son
troisième album, est un peu plus qu’une musicienne
et une chanteuse : c’est une présence aussi forte
que flottante, qui prend peu à peu possession de
l’âme de l’auditeur. Entre folk
déraciné, songwriting impressionniste et
mélodie classique revisitée, (We Are Now) Seated
in Profile, lui, est un peu plus qu’un disque :
c’est un univers entier dont Leclercq, derrière
son piano, sa guitare, sa basse ou sa batterie, plante le
décor d’une plume charbonneuse, comme
trempée dans l’encre des soirs. Un
théâtre d’ombres où sa voix,
à la pâleur expressive digne d’une Nico
ou d’une Julie Doiron, se meut dans un environnement pris par
le givre, et pourtant grouillant de vie – on entend ainsi le
brame désolé d’un trombone, les larmes
de cristal d’un glockenspiel, le chuintement lointain
d’un mélodica, le souffle du silence. Certes, ce
disque n’est pas une partie de rigolade. Mais les inventions
d’écriture, les richesses instrumentales et les
belles combinaisons sonores qu’il recèle montrent
que la mélancolie, ici, n’est pas qu’un
parfum à la mode ; c’est un langage
élaboré, un filtre sensible à travers
lequel Valérie Leclercq réussit à
réenchanter le réel.
Richard Robert
On connaît tous ce déficit d'attention
qui nous
éloigne parfois du livre lu, du film vu, les
pensées diverses prenant le pas sur la distraction que l'on
se propose. En parvenant à faire le vide autour d'elle, half
asleep fait le vide autour de nous, absorbant l'air pour le souffler
ailleurs, nous laissant dans l'état de
l'apnéiste, qui en se rapprochant du vide ressent
à la fois le souffle de la mort lui caresser la nuque, mais
aussi celui du bonheur de toucher la plénitude des bas-fonds
lieu ou l'autre n'existe plus. Vous allez me parler
d'égoïsme et vous rétorquerez qu'un
égoïste ne partage pas, alors que (we are now)
seated in profile est l'archétype du disque qui vous
accueille avec des égards invisibles de nos temps. Sur des
compositions qui pourraient rapidement trouver l'apitoiement comme
compagnon, des arrangements et des trouvailles sonores (d'invisibles
courtisans en est l'exemple le plus frappant) se fondent, accompagnant
le piano et le chant avec la force et le désir d'un amant
transi. Disque terrible, car incapable de laisser poindre des
faiblesses, (we are now) seated in profile rappel ses moments
passés l'été dans des
cinémas de campagne, quand la musique et le chant coloraient
un film muet. La chaleur y est aussi perceptible, la puissance
suggestive y est aussi marquante, et l'émerveillement des
yeux et des oreilles sont sur la même échelle.
Jamais monocorde l'album parvient, dans un style puisant souvent sa
force dans le dénuement et la redondance, à
surprendre (fourteen footprints : so you changed your mind)
plaçant la barre de plus en plus haut, quand half asleep
voudra toujours frôler les tuteurs, par modestie. En retirant
le disque de la platine tout c'est rempli autour de moi, des souvenirs
parfois douloureux et touchant à des liens fort sont revenus
en écho à cette écoute, signe que
celle-ci touchait à l'intime. Prodigieux.
NB : notez aussi que ce disque est le premier a être
distribué en France et ce sous le couvert de la licence
libre Creative commons qui à l'inverse des Copyrights
autorise la copier et la diffusion sur le web. Unique records label
militant, s'est définitivement engagé pour un
avenir avec la musique libre. On ne serait trop, vous conseillez donc
d'aider, le label en vous procurant ce disque qui combine à
la fois choix artistique exemplaire et prise de position courageuse.
Gdo
Un premier album paru en 2001, Palms and Plums chez Another
Record,
puis une escapade du côté du label Hinah avec Just
before we learned to swim, et revoici Half Asleep, qui nous propose
avec (We are now)Seated in Profile, à paraître sur
Unique Records, un nouveau disque superbe
d’orfèvrerie acoustique, sommet d’une
(encore) courte discographie.
Valérie Leclercq, aidée à nouveau de
sa sœur Oriane, s’est vue offrir par le talentueux
producteur Gilles Deles un superbe écrin à ses
compositions nocturnes, qui possèdent une instrumentation
enrichie et un son étoffé : on retrouve bien
sûr le piano, la batterie, la guitare, mais
également des accords d’orgue magnus, de
délicates notes de glockenspiel, du melodica, de la basse..
un trombone s’invite même sur le premier titre, We
used to fear your voice (and the drilling machine) : une
très belle entrée en matière
à la sombre élégance pour cet album de
chevet indispensable à ces mois hivernaux languissants qui
se profilent doucement.
Avec ces onze titres d’une beauté rare, Valerie
Leclerq nous enveloppe à nouveau dans son petit monde
flottant de mélancolie tamisée, de douleur
feutrée, que dessinent les accords poignants, les notes
réverbérées entêtants
d’un piano, (¼), sur lesquels Valerie pose son
chant d’une infinie délicatesse, qui entre en
résonance immédiate avec l’auditeur.
Half Asleep exsude ses humeurs noires en un flux
maîtrisé, diffus, homogène. Il
n’ y a pas de cimes de désespoir, ou de gouffres
d’apathie dans cette musique qui agit toujours comme une
caresse légère sur la peau,
réchauffée par la gravité chaude
d’un chant ourlé d’arrangements
magnifiques : D’invisibles courtisans rappelle la
féérie funèbre de Tim Burton, le
dénuement somptueux du duo voix-piano de Marie 1 &
Marie 2 nous étreint doucement ; Fourteen fooprints : so you
changed your mind?, et ses harmonies vocales sur un fil
d’émotion ténu, Searching the pavement,
guitare et mélodica (discret) en exergue, sont quelques unes
de ces vagues à l’âme qui nous emportent
d’un bout à l’autre dans leur roulis
invisible.
L’on pourrait passer en revue chacun de ces morceaux, mais
ajouter des mots à cette beauté qui se soutient
seule paraît bien dérisoire . Tout juste se
contentera-t-on pour finir de dire que Morning Dust soon, nous a fait
pleurer un jour de Novembre, par un matin de grand soleil.
(We are now)Seated in Profile est un chef-d’œuvre
en clair-obscur, à écouter sans retenue. Vous
n’avez pas d’excuse pour passer à
côté, puisqu’Unique Records offre
généreusement ce disque au public : il sort en
effet sous Common Licence, ce qui signifie que vous pouvez
télécharger et partager (We are now)Seated in
Profile sans crainte sur les réseaux
d’échange. Mais si vous voulez soutenir Unique
Records et Half Asleep, pour les remercier de ce cadeau inestimable,
n’hésitez pas à acheter ce
disque !
Imogen
Double actualité pour Half
Asleep :
le projet musical de la jeune belge Valérie Leclercq voit
son deuxième album réédité,
et son nouvel album paraître à quelques semaines
d’intervalle. Un premier ep-cdr de 8 titres avait vu le jour
chez Another Record assez vite après la naissance de ce
projet musical (pendant l’automne 2002). Puis ce premier jet
avait été complété
d’un album en cdr, Just Before We Learned To Swim, chez Hinah
(édité à 50 exemplaires).
C’est ce dernier qui fait l’objet d’une
réédition aujourd’hui via la structure
belge Matamore Recordings.
Mis en forme dans un beau packaging cartonné (les dessins
sont signés par Valérie), Just Before We Learned
To Swim (un titre en clin d’oeil au Music For A Sinking
Occasion de L’Altra et au Sinking Ship Song de Matt
Elliott ?) a subi une nouvelle masterisation. En dehors de ce
travail, rien n’a changé : ces neuf
titres, enregistrés au minidisc dans une même
pièce, comme oubliés par le temps et
laissés pour compte, impressionnent par
l’acoustique qui les définit -
réverbérante mais sèche, folk et dure
-. Guitare et piano, quelques fantômes de batterie, et le
chant grave, cassé, de Valérie Leclerc en sont
les seuls ingrédients. Les deux premiers morceaux nous
renvoient à Matt Elliott, dont on aurait adouci la
complainte en la délayant dans la mélancolie
blafarde de Bristol, celle du feu-label Planet (Crescent, Movietone).
Il y a ensuite ce Yellow Neck à la guitare simple,
où le chant monte enfin dans les aigus et se
double : frissons garantis. Le piano redevient la
pièce centrale : désespérante
mélodie de Washing Machines, emballé par une
batterie lointaine, puis fine esquisse et base d’un jeu de
voix plein de douceur (Tu Sens Le Sommeil Et Les Larmes) sur les traces
de Sylvain Chauveau. Un peu de flûte sur & Other
Stories... renouvelle l’air et accorde une touche plus
romantique. Un premier album prostré,
crépusculaire.
Qui s’accompagne d’un petit frère -
décidément, l’automne est une saison
qui réussit bien à Half Asleep. C’est
cette fois la structure toulousaine Unique Records qui s’est
laissé conquérir par cette musique
vénéneuse, tentant ainsi le jumelage avec le ciel
laiteux de Belgique : voici (We Are Now) Sitted In Profile,
deuxième album d’Half Asleep.
D’emblée, le son a changé,
aidé par Gilles Deles de Lunt : il est plus profond
et s’est étoffé (melodica, trombone,
basse...). Quant à la musique d’Half Asleep, elle
est plus engagée, plus fiévreuse, plus
rentre-dedans. Elle est ainsi moins ascétique et moins
contemplative qu’avant. En introduction, We used Yo Fear Your
Voice ajoute, à un chant plus assuré et
à des accords de piano martelés, le souffle chaud
d’un trombone pour un résultat qui
évoque toujours autant le folk balkanisant de Matt Elliott.
¼ surprend ensuite : sa boucle de piano et sa
rythmique de batterie renvoient plus directement au post-rock, et
là encore au pense à l’artiste
précédemment cité.
D’Invisibles Courtisans s’éloigne
davantage de cet univers pour accoster des territoires calmes et
bucoliques (quelques notes de glockenspiel égayent le
morceau), que des chants mélangés
parsèment d’étrangeté, puis
Marie1 & Marie 2 offre de beaux mouvements de piano,
façon Tiersen. Plus doux, Microwaves associe une basse, une
guitare et deux chants féminins pour un résultat
empreint de douceur. Le piano grandiloquent
s’ébroue et ses accords se mélangent
(I’m Watching Tv...) ; Morning Dust Soon
arrive : le morceau le plus doux, à la guitare
presque guillerette, étonne presque :
c’est bien le seul écart que se permet ce (We Are
Now) Seated In Profile parfaitement claustrophobe. Puis viennent le
morceau récapitulatif (Fingers Are Fork) et la fuite
légère (La Fin...). Valérie se
lève, quitte son piano noir. On s’en est sorti
pour cette fois. Ouf, on respire. La prochaine écoute sera
sans doute plus difficile.
Stéphane
On s’imagine rêveur, le
regard par
la
fenêtre à scruter les oiseaux qui
s’envolent. Cette impression de
légèreté qui fait qu’au bout
du compte, on sait que l’hiver ne durera qu’un
temps. Que le soleil reviendra. L’espoir dans la tourmente,
un peu de répit dans la tempête. Half Asleep.
Il faut écouter la pureté jouée par un
piano qui s’envole, lui aussi, sur la mélodie. On
pourrait évoquer toute une palette de sentiments, du spleen
à la mélancolie, en écoutant la douce
voix de Valérie Leclercq, aidée de sa
sœur aux claviers. "Seated in profile", une douce
mélodie venue –encore une fois- de Belgique joue
donc la carte de la simplicité. Une voix, un piano, des
chansons. Un trombone sur "We used to fear your voice " lancinant.
A ce stade, les mots sont de trop. Il faut entendre et
écouter. Musique d’un film imaginaire, entre
Tiersen et Satie, qui se narre et s’enroule autour de
l’auditeur. Ne le lâche plus. La batterie qui entre
en scène sur ¼ et les arpèges qui
s’accélèrent. Sur le fil,
prête à casser, Valérie Leclerq invente
crée l’émotion, ne simule rien et donne
tout. La dépression, le désespoir, le
mal-être, un peu d’elle, une partie de soi.
S’il fallait chercher l’influence, c’est
bel et bien du coté de la musique classique qu’il
faudrait chercher, en y rajoutant cette voix feutrée qui
murmure, soufflant les mots comme le vent sur les feuilles
d’automne. De la guitare classique sur "Searching the
pavement", du glockenspiel sur "D’invisibles courtisans"
enrichissent la mélodie dénudée. La
beauté du jour qui tombe et se finit sur "Morning dust
soon". La lumière au bout du tunnel.
Half asleep. La beauté d’un réveil les
yeux mi-clos ; les images encore floues du sommeil hypnotique. Une
parenthèse de cinquante minutes et cinquante sept secondes
dans un monde trop réel.
Little Thom
C’est depuis l’automne 2002
que
Valérie et Oriane sont à la tête de
Half Asleep, frêle esquif musical naviguant dans les eaux
brumeuses d’une pop planante à la lenteur
assumée et à l’instrumentation
minimale. Originaire de Belgique et déjà
responsable de deux albums sortis sur des microstructures (Palms and
Plums sur Another Records en 2003 et Just Before We Learned to Swim sur
Hinah en 2004), le duo revient avec (We are now) seated in profile,
troisième disque remarquable pour deux raisons.
La première raison est artistique. Les compositions des deux
sœurs, à travers une économie de moyens
salutaire, des arrangements discrets mais inventifs et un songwriting
sur le fil du rasoir, enveloppent rapidement l’auditeur dans
une atmosphère vaporeuse à la beauté
saisissante, rappelant avec bonheur les meilleurs moments de Tara Jane
O'Neil ou de Low.
La deuxième est commerciale. En effet (We are now) seated in
profile est le premier disque a être distribué en
France sous licence libre Creative Commons autorisant sa copie et sa
diffusion sur le Web. Unique Records, label militant, s’est
définitivement engagé pour un avenir avec la
musique libre, et vous propose donc de
télécharger l’album de Half Asleep sur
la page artiste du groupe et vous invite, évidemment,
à l’acheter ensuite pour soutenir « un
label indépendant qui se bat contre
l’uniformisation de la musique que vous proposent les majors
».
Yann Desert
Half Asleep est Valérie Leclercq et
sa soeur
Oriane. Après un premier album remarqué "Palms
and plums" sorti par le label Another Record, Valérie
accouche ici d’un petit chef d’oeuvre de slow folk
mélancolique au sein de la glorieuse et exemplaire
équipe d’Unique Records.
On commence avec "We used to fear your voice (and the drilling machine"
aux allures de requiem poétique avec piano, quelques choeurs
bien placés et trombone de la mort. L’escapade de
"1/4" évolue au milieu d’une mare de notes de
piano réverbérées emportées
par une batterie sèche et qui soutient le propos. Le chant
de Valérie, comme dans la plupart des morceaux, se fait
doux, cotonneux, léger et délicat. Bien
entouré par le piano, la batterie, et quelques autres
instruments (mélodica, basse, orgue, glockenspiel), il est
toujours mis en valeur avec pertinence par la production sans faute de
Gilles Deles.
Avec "D’invisibles courtisans", on retrouve un ton plus
léger, mais pas moins convaincant, qui permet, comme
d’autres passages, d’apporter des respirations. Les
mélodies au glockenspiel apportent une touche enfantine.
Puis on retrouve avec "Marie 1 & Marie 2", une lenteur
mélancolique, pas si éloignée pour ne
pas dire cousine des ambiances développées par
Matt Elliott depuis qu’il navigue en solo. Sauf
qu’ici on parle de boire du café (...). Les points
communs entre ces deux artistes ne manquent pas. Ca saute aux yeux et
aux oreilles en live : ambiances, voix, mélodies,
mélancolie.
Le morceau "Fourteen footprints : so you changed your
mind ?" flirte avec un trip-hop réussi,
grâce au travail des voix et le groove de la batterie.
"Microwaves" se fait encore plus délicat, voix et guitares
mêlant des accents folk et presque jazz par moment.
"Searching the pavement" et son mélodica entêtant
est une fugue ou une fuite. Personnellement, ce n’est pas mon
morceau préféré. Je le trouve un peu
long, comme certains passages du disque, qui reste globalement
plutôt triste. Il appartient peut être aux disques
qu’on n’écoutera pas n’importe
comment à n’importe quel moment (avec
n’importe qui ?). Ce n’est pas un
défaut en soi puisque la qualité est au
rendez-vous et que Valérie sait trouver les mots justes
qu’elle entoure de ficelles, de cordes, de cotons, de nuages,
de plastique, de bois et de fumée pour mieux les mettre en
valeur. "I’m watchin’tv/tv’s
watchin’ me" est un bon exemple des bijoux
éthérés qu’on trouve dans ce
disque. Un des plus brillants.
"Morning dust-soon" aux couleurs plus folk fonctionne bien aussi, et la
voix de Valérie est d’une beauté
poignante. Piano presto pour "Fingers are forks" dans un
déluge d’accords et de notes qui appelle des
esprits et des fantômes pour soutenir la voix principale.
Le disque se termine avec "La fin de l’inertie a pretty bee",
comptine au piano de toute beauté susurrée
à l’oreille. Le dernier et fatal baiser de
Morphée.
Emmanuel
Vu de France, le moindre artiste ou groupe d'outre-Quiévrain
a tendance à être affilié à
une "scène belge" qui relève sans doute plus de
la formule promotionnelle que de la réalité. Pour
la Bruxelloise Valérie Leclercq et son projet solo Half
Asleep (signé sur le label toulousain Unique records, sur
lequel paraissent notamment les disques d'Angil), cela serait difficile
: sa musique est résolument autarcique, à part,
même si elle a choisi comme la plupart de ses pairs de
chanter en anglais. Parler de (néo-)folk serait tentant
à l'écoute de certains morceaux – voix
douce, guitare acoustique en arpèges -, mais finalement
réducteur. Car le piano est encore plus présent
sur "(We Are Now) Seated in Profile", et si l'on veut vraiment
rapprocher Half Asleep d'un musicien belge, ce serait
peut-être le trop méconnu Wim Mertens, auteur
(entre autres) d'œuvres magnifiques pour piano et voix.
Présente dès la première seconde, la
voix est d'ailleurs l'autre ingrédient essentiel du disque.
Mélancolique à souhait, le timbre de
Valérie Leclercq rappelle celui de Nico, en moins guttural.
La jeune chanteuse et multi-instrumentiste se balade ainsi sur des
landes arides voisines de celles que la muse blonde foula, sans carte
ni boussole, tout au long des années 70. On a parfois
l'impression qu'elle tourne en rond dans un demi-sommeil (l'album ne
décolle vraiment qu'à partir du
troisième titre), mais on se laisse souvent
entraîner dans ces ballades fragiles et
frémissantes, où la beauté affleure
dans un dépouillement quasi monastique. Jusqu'à
se retrouver complètement perdu – et heureux de
l'être – au milieu du long et étrange
"Fingers Are Forks" (près de 10 minutes). Si Leclercq
consent à quitter sa chambre de bonne, où sa
musique semble parfois confinée, pour s'aventurer ainsi dans
l'inconnu, on est prêt à la suivre les yeux
fermés.
Vincent
Arquillière
Troisième album pour la belge Half Asleep, mais premier sur
le label toulousain Unique Records, (We are now) seated in profile est
la bande son idéale de vos dimanche après-midi
hivernaux, gris et pluvieux, cela va de soi. Au bord d’une
cheminée dont on entend les braises crépiter, la
voix d’Half Asleep est d’une compagnie bien plus
appréciable que celle de Michel Drucker. Cette voix est le
nerf de l’album, le point central autour duquel tout
s’articule. Une voix grave, à la fois profonde et
très présente, mais aussi par moments plus en
retrait, susurrant des mots restant suspendus dans l’air. On
oserait dire une voix à demi endormie (Half asleep). Le
piano est le principal allié de cette voix. Un piano
à la sonorité classique, proche de la musique
contemporaine. Cette dualité piano/voix pourrait
évoquer une rencontre entre Catpower et la pianiste
Hélène Grimaud. On pense également
à certains travaux de Kate Bush. Quand le piano
s’efface, c’est pour faire place à une
guitare à la sonorité également
très classique, une sorte de croisement entre le folk et le
flamenco-jazz, sans les accélérations de
virtuoses (Searching the pavement). Autour de cette voix et de ces
instruments, les arrangements signés Gilles Deles
(déjà présent sur la production de
Teaser for: matter d’Angil) sont grandioses. Ils sont
finement ciselés et à peine perceptibles, mais
apportent un réel plus à la musique
d’Half Asleep, à travers les sonorités
d’un trombone, quelques violoncelles, des petits sons de
guitares électriques, un glockenspiel…
Alors qu’à première vue, on aurait pu
croire que cet album soit monotone, les différentes
écoutes nous révèlent à
chaque fois sa riche complexité, le rendant passionnant. Au
final, sa tristesse élégiaque nous touche mais de
manière positive et nous hante l’esprit de longues
heures après son écoute.
Nicovara
On peut considérer Half Asleep comme une sorte
d’île perdue dans un océan de guitares
dont les vagues n’en finissent pas de déferler
actuellement sur tout ce qui sert de support musical pour nos oreilles.
Emmené par la Bruxelloise Valérie Leclercq, Half
Asleep dévoile une fois encore toute la finesse de sa
musique à travers un disque plus beau encore que ses
prédécesseurs, dans lequel on
(re)découvre une musicienne douée pour les
mélodies tristes, mais aussi pour les arrangements simples
et délicats.
Half Asleep s’était d’abord fait
connaître avec le subtil Palms & Plums chez Another
records en 2003, puis avec un cd-r paru initialement sur la structure
Hinah et que l’on peut trouver désormais sur
Matamore. Et c’est donc aujourd’hui chez les
toulousains de Unique records, que Valérie Leclercq a
posé ses valises pour un nouvel album toujours aussi
réussi, dans lequel on redécouvre tout ce qui
nous avait touché dans les précédents.
Guitare, piano, et voix principalement, servent à
bâtir des morceaux très souples et d’une
grande douceur. Bass, batterie trombone, glockenspiel, et
mélodica viennent compléter le tableau pour
donner une musique dans laquelle on entre à
tâtons, sur la pointe des pieds, et qui ne pourrait supporter
le moindre interférence tant la pureté qui se
dégage tout au long du disque mérite pour chaque
un silence total.
Et si cette artiste n’est pas sans rappeler des
filles telles que Julie Doiron, Cat Power ou encore Edith Frost, on
notera que de ce coté-ci de l’atlantique, cette
jeune femme d’à peine vingt ans n’a pas
d’équivalent et que ces premiers albums nous
laisse espérer un avenir discographie de très
haute tenue.
Benoît Richard
C'est bien sûr en automne qu'Half Asleep a vu le jour.
Derrière ce nom révélateur, se cache
la discrète Valérie Leclercq et son piano, une
voix chaude et ombrageuse, étirée sur des
mélodies épurées et
mélancoliques comme des paysages hivernaux. En effet, les
longs et lents accords, le chant très doux de la jeune belge
et les nombreux silences de cet album, rappellent résolument
la torpeur qui gagne la nature dans les mois les plus froids de
l'année. Toutefois, Half Asleep nous ramène aussi
à notre propre léthargie, dans tout ce qu'elle a
de doux et d'agréable et c'est bien à
moitié endormi, que l'on savoure le mieux ce disque, sa
douceur et sa simplicité.
Sai Real
A l'heure où la politique des majors du disque vire
à la parano extrême et où le
gouvernement tente de passer dans l'urgence le projet de loi DADVSI
(Droit d'auteur et les droits voisins dans la
société de l'information) qui restreint
drastiquement les droits du consommateur et empêche le
développement de la licence libre, quelques poches de
résistance, tout en s'inquiétant à
raison du devenir de la musique en France, lui inventent un futur
alternatif, uniquement basé sur l'amour de la bonne musique.
Depuis quelques années en effet, quelques labels artisanaux
ont décidé, au mépris de toutes les
règles commerciales, de publier leur catalogue en licence
libre. Ces labels ne vendent pas de la musique ? elle est gratuite,
échangeable à volonté ? mais des
objets liés à la musique ? les CDs sont vendus
à prix coûtants sur leur site respectif. A ce
titre là, et comme l'explique la charte du très
dynamique label Another Records (Danah Hilliot, Gâtechien'),
la mission de ces microstructures (la plupart du temps ce sont des
associations à but non lucratif) est plutôt de "disséminer
la musique". Si ce phénomène reste
encore confidentiel, il montre néanmoins que l'underground
français ne manque pas d'idées, ni de
volonté, contrairement aux majors.
De ce vivier en ébullition surgit ainsi
régulièrement quelques artistes aux visions
singulières et dont la qualité des uvres est
inversement proportionnelle à leurs prix. C'est le cas du
projet musical de la jeune belge Valérie Leclerq, Half
Asleep. Après quelques oeuvres parus en licence libre sur
différents labels (Another Records, Matamore Recordings,
Hinah), c'est avec le plus traditionnel label Toulousain Unique Records
(Angil, Electröphonvintage, Lunt ) que cette songwriteuse
habitée s'est associée le temps d'un disque, le
très beau (We are now) seated in profile.
Le label a pour l'occasion tenté l'aventure de la licence
libre, proposant néanmoins une splendide version vendue dans
le commerce, dans un packaging adapté.
A voir le regard de ce petit bout de femme au look androgyne, on
imagine mal avoir affaire à une militante dans
l'âme. C'est pourtant avec sa petite s'ur, Oriane, qu'elle a
commencé à écrire son
étrange musique, chez elle, d'une façon
totalement artisanale. Et ce n'est pas pour rien qu'elle s'est choisie
ce nom, Half Asleep, car cette musique a été
écrite pour "ceux qui ne trouvent pas le sommeil,
amants des rêves éveillés et des
pénombres mélancoliques" (dixit sa
bio).
Et l'écoute de ce (We are now) seated in profile,
cette fois-ci réalisé par Gilles Deles ?
déjà à l'oeuvre sur le fantastique
album d'Angil -, confirme bien cette impression de somnambulisme.
Lente, sombre et minimale, la musique d'Half Asleep étonne
pourtant par son ampleur : au piano et à la guitare, parfois
épaulé par une batterie discrète,
Valérie égrène ses notes avec
parcimonie, mettant l'accent sur chacune d'elle, comme si elle avait pu
être la dernière. Mais c'est surtout sa voix,
sourde et hypnotique, qui provoque chez l'auditeur ses premiers
frissons. Totalement sous le charme de cette étrange
songwriteuse, on n'a plus qu'une hâte : la
découvrir sur scène.
Martin Cazenave
Mélancolie, délicatesse, ciselage des notes et
des arrangements, la musique de Half Asleep résonne au
cœur avant d’être une musique
cérébrale. Tout dans cet album fait appel aux
sentiments, à l’irréalité et
au concept. Et pourtant chaque note, chaque mot touche directement
l’essentiel…Puisqu’il faut
caractériser Half Asleep, disons que cela évolue
entre la pop sombre et un folk writing personnel. La voix de
Valérie Leclercq est sombre, ombrageuse,
accompagnée d’un piano éclatant et
cristallin; et s’il faut des
références, disons que cela peut rappeler les
démarches d’une Julie Doiron ou de Low.
C’est le troisième album d’Half Asleep
qui nous est ici proposé par le très bon label
Unique Records (Angil, A place for parks, Electrophönvintage,
Lunt, …). Une touche de délicatesse en cette
rentrée 2006. Beau, tout simplement…
CHRONIC'ART #23
On a toujours en tête le CDR d'Half Asleep, Palms and plums,
sorti en 2003 sur le chouette micro-label Another Record. On avait
trouvé au creux de ces mocreaux précieux et
brumeux une boîte à musique secrète et
microscopique, de laquelle émanait un monde imposant, digne,
brodé de larmes. Avec la sortie de (we are now) seated in
profile, en licence libre, Valérie Leclercq
étoffe ses univers vaporeux et prend de l'ampleur sous la
tutelle de Gilles Deles, relâchant ainsi son minimalisme
caressant sans perdre sa grâce intemporelle. Comme Tara Jane
O'Neil dans une chambre plus petite et moins froide, comme Chan
Marshall (Catpower) sans problème d'égo et qui
nous hante de la même manière : le piano limpide
et la voix de velours, humble, magistrale, plus entourée de
fantômes que jamais tout au long de l'album. Dans ces
histoires en contrastes et murmures semble résider la magie
en teintes grises d'Half Asleep : la résignation qui
envoûte et perturbe. Quelque chose d'infiment plus.
C.D.
Belle et tendre, tels sont les qualificatifs qui siéent
à cette collection de onze chansons. La structure
minimaliste des morceaux convie l'auditeur à un dialogue
à trois, entre une voix féminine fluette, un
piano à haute résonance et une guitare
discrète. On ne s'y ennuie jamais : c'est le souhait qui a
présidé au désir de faire de la
musique chez cette jeune Belge baptisée Valérie
Leclercq. "We are now (seated in profile)" louvoie entre les oreilles
de l'auditeur. Cajolé et soumis à une douce
mélancolie, il ne peut que succomber à ce spectre
des désirs enfouis. L'album peut se découvrir
selon la formule "l'essayer c'est l'adopter".
Téléchargeable gratuitement sur le site du label,
vous l'achetez ensuite sous un packaging classieux et contribuez
à soutenir le label. Voilà en tout cas un bel
exemple de confiance et de collaboration entre un label et son
auditoire. Messieurs des majors, prenez-en de la graine !
Vincent Michaud