Les deux piliers du bien nommé label toulousain Unique
Records, Lionel
Maraval (lui, c'est Virga) et Gilles Deles (Lunt) se livrent pour cette
sixième sortie en trois ans à l'exercice du
split-album. Un modus
operandi qui consiste à provoquer l'interaction de deux
univers
distincts sur un même support, plus un point de confluence
central et,
dans le cas présent, une séance de "remixe-moi,
et je te remixerai" Si
c'était une bande dessinée, Baxendall ferait dans
le genre
fantastico-méditatif, serait signée
Jodorowsky-Gimenez ou
Schuitten-Peeters et s'intitulerait Bill Laswell Et Thurston Moore Au
Tibet& Les guitares obliques, stratifiées et parfois
bancales de
Giles Deles s'imbriquent parfaitement aux constructions dub
lourdissimes (dignes des studios Wordsound de New York) que les
machines de Lionel Maraval laissent sourdre. Quand vient leur tour de
venir s'infiltrer dans l'environnement plus feutré et
post-ambient de
Lunt, c'est avec une déconcertante facilité
qu'elles le font. L'amitié
de longue date des deux protagonistes expliquant certainement
cela&
Hors de la mode et des sentiers battus, il doit falloir faire preuve
d'une certaine résilience pour arriver à
(sur)vivre en tant que label
électronique pointu au pays de Zebda, du rock et reggae
festif, des
apéritifs anisés et continuer à sortir
des enregistrements "uniques"
comme celui-ci& Respect.
Marc Gourdon
NOVA (disque du jour)18-02-2004
Nous avions déjà invité ces deux
groupes de Unique Records : Virga et Lunt. Le premier donne dans l?
électro à tendance bruitiste voire ambient, le
second dans une pop-rock décalée. Ils ont
décidé de se mélanger, d'où
ce split-album.
Les styles se sont amalgamés mais restent distincts. La
guitare distordue et crissante de Lunt, croise le fer avec
l'électro post-apocalyptique de Virga. Univers
électroniques et électriques s'entrechoquent, et
les remix faits par chacun sur les morceaux de l'autre offrent une
maelström de sensations physiques. Ils ont même
échangé les instruments et Lunt s'est mis
à l'électronique.
RSC
Un split ! Ce nom me rappel hadjuk ou la fin d'un groupe, mais pas la
partition d'un album en deux.. Et pourtant il en est ainsi pour ce
Baxendall, split entre lunt et virga deux signatures de l'excellent
label unique records. Un partage équitable, une fusion comme
lien entre les deux mondes et un interlude comme respiration. Baxendall
est une sorte de vestiaire dans le quel on laisse ce que l'on voudra
retrouver. Un de ses lieux de mémoires qui ont fleuri
à la veille du nouveau millénaire, un
musée où des parcelles de son, de loops, de pics
sont précieusement mis en sécurité
pour les satanées générations futures.
Quasi in situ l'imbriquement raffermi l'idée même
que l'instant présent aura de l'influence sur un
passé même lointain, même si dans le
même temps (lequel d'ailleurs !!) la mémoire, pour
le futur, ne connaîtrait plus le passé. Contre
révolutionnaire, cette musique bricole et s'arrange de tout
(sauf de la compromission facile) et bloque le temps pour le
comprendre, le distendre. Elle se met en relation avec sa propre
alchimie, se transformant comme il se doit, en existant sous une autre
forme par manque d'envie d'être là. Acceptant la
dissonance comme un non-accident, Virga lunt l'englobe et lui donne une
place de choix comme ce qu'elle est, un son, la propageant sans
craindre qu'elle se perde, elle se jouant des piéges et
s'adonnant à une épreuve mystique et turbulente.
Vestiaire plutôt que grenier car Baxendall ne
connaîtra jamais la poussière, celle ci
préférant recouvrir ceux qui la
mérite, les tuant une seconde fois avant l'oublie
obligatoire. Dans Baxendall la vision de la
périphérie est pointilleuse, c'est avant tout
pour cela que nos anneaux virtuels sont à nouveau visibles
et fidèles à ces vibrations. Ce disque s'ouvre et
se ferme sur shining& je pense que vous avez la
faculté de comprendre. Un disque unique à
découvrir absolument ..
Gérald De Oliveira
Unique Records remet au goût du jour les splits albums avec
ce "Baxendall" qui réunit Virga et Lunt, les deux signatures
emblématiques de cette structure toulousaine qui sort des
sentiers battus avec un catalogue pointu et raffiné. Le
concept ici, est évidemment de convier les univers des deux
artistes pour des compositions en commun, des
expérimentations nouvelles et des remixes croisés
pour un résultat réussi, intriguant et attachant.
L'expérimentation sonore est la règle, mais
jamais vainement, les titres en sortent renforcés d'une aura
et d'une atmosphère captivante, rarement un album d'
électronica se révèle aussi riche. Le
split est construit de manière très
méthodique et égalitaire : Virga se charge des 3
premiers titres dont un remix et Lunt des 3 derniers avec un remix
également. Un morceaux commun et un interlude s'intercalent.
" Shining " qui ouvre le bal est une électro
sophistiquée qui garde une apparence simple pour un effet
innocemment addictif sans emprunter les gros sabots du genre. "
Heliotrope " tend vers une subtile electroclash. " One Day ", l'un des
morceaux phare de l'album de Lunt est ici remixé dans sa
version démo 4 pistes, pour une relecture
épurée et allongée.
" Hix " qui unit les deux compositeurs est une longue montée
fusionnelle de guitares sur un beat électro dont le tempo
s'emballe, entraînant la guitare dans un
déchaînement de saturation et de larsen - une
autre vision du mur du son : délicat et subtile !
Lunt de son côté ajoute de l'électro
à ses guitares sophistiquées. " Geodesic " en est
la parfaite illustration. " Stretched Meridian " avec ses
mélodies de guitare en accords
arpégés, rappellent parfois du Duritti Column.
Le remix de " Shining " étire et déconstruit le
morceau, comme si, affranchi de la composition originale, le remixeur
pouvait se concentrer sur l 'exploration de toutes les richesses et les
multiples facettes de ce morceau magnifique. " Interlude " intrigue
tant et si bien que David Lynch y trouverait une BO idéale
pour ses prochains films - comme dans le reste de l'album d'ailleurs.
A éviter les jours de cafard, mais recommandé
pour se désintoxiquer les oreilles après une trop
longue exposition à la majorité de la
surproduction actuelle.
Jean Baptiste
Baxendall ou comment l'excellent label Unique Records
réinvente et
s'approprie le concept du split album. Ici, les influences et les
sonorités des deux artistes, en l'occurrence Virga (aka
Lionel Maraval)
et Lunt (aka Gilles Deles), se mêlent et s'entrechoquent pour
ne plus
former qu'une seule véritable identité musicale
qui s'épanouit tout au
long de ces huit titres. Le perfectionnisme de Lionel Maraval
côtoie
l'esthétisme sonore de Gilles Deles dans un univers qui
combine
l'électro de Virga et les multiples directions musicales
(post-rock,
ambient, rock indé& ) qu'aime emprunter Lunt.
C'est Virga qui ouvre le bal avec l'excellent « Shining
» dans lequel
on retrouve les ambiances développées sur son
premier opus « Eïdos », à
savoir une électro chaude et prenante, avec ce talent pour
faire d'un
simple bruit récurrent une mélodie
entêtante et envoûtante. Il est
indéniable que l'électro de Virga a
gagné en puissance et énergie, et
ce n'est pas « Heliotrope » qui va
démentir cette impression : à des
passages ambients succèdent des moments plus intenses, bien
aidé en
celà par la guitare de Lunt. Le mélange des
influences devient alors
plus palpable, « Heliotrope » ayant quasiment la
structure d'un morceau
rock.
Si Lunt a apporté davantage d'énergie et de
puissance dans l'électro de
Virga, le second semble avoir apporté plus de douceur et de
sérénité
dans la musique du premier, impression confirmée par le
remix beaucoup
moins bruyant et dissonant de l'excellent « One Day
» (disponible en
version originale sur le premier album de Lunt). Lunt intensifie ainsi
les sonorités électroniques sur «
Geodesic » et « Stretched meridians »
sans toutefois abandonner les guitares. Oubliée
(momentanément) la
dissonance chère à son premier album
éponyme, les mélodies sont plus
douces, plus sereines sur ces deux instrumentales et le
mélange entre
l'électro et les guitares est harmonieux, aidé
par un glockenspiel
malin. Ni totalement post-rock, ni vraiment électro, Lunt
envoie
balader toutes les étiquettes et crée un style
personnel et apaisé.
Mais la véritable fusion entre les deux univers de Lunt et
Virga prend
véritablement toute son ampleur sur le
phénoménal « Hix ». Aux beats
et
nappes électros se joint un riff de guitare accrocheur ; le
morceau
gagne alors progressivement en puissance pour finir en dissonance
parfaitement contrôlée. On retrouve avec bonheur
les points forts de
Virga et Lunt qui parviennent à une osmose quasi-parfaite
sur les six
minutes que dure cette plage. On tient alors la véritable
identité de
ce qui pourrait devenir un groupe à part entière.
Espérons maintenant
que les aventures de ce duo pour l'instant temporaire se poursuive sur
un nouvel album commun. Vivement la suite, s'il y en a une&
Laurent Delecroix
Baxendall, ou la réunion des univers singuliers de deux
prodiges du
label Unique records, pour un split détonant. Huit titres:
c'est Virga
qui ouvre le bal. Son électronique tellurique et froide
séduit d'emblée
grâce au magnifique Shining, dans lequel la
lumière perce entre couches
sonores presque opaques et rythmiques lourdes d'une électro
glaciale
mais pas réfrigérante.
Heliotrope sort les guitares et trace son sillon
expérimental certes,
mais l'oreille s'acclimate progressivement à ces textures
sonores
ardues.
One Day est un remix de la demo 4 piste du titre présent sur
le premier
album de Lunt. Virga triture ce morceau chanté avec un
plaisir palpable
à coups de sonorités électroniques
ondulatoires et rampantes, qui
confèrent à un morceau déjà
pas banal une nouvelle forme d'étrangeté.
A mi-parcours, Hix est le point de fusion magistral des deux univers:
les guitares dissonantes de Lunt se confrontent aux beats rapides de
Virga dans une lutte (fratricide?) qui progresse en une
montée sonore
explosive. Mais qu'on ne s'y trompe pas, la subtilité n'est
jamais
sacrifiée sur l'autel de l'exaspération sonore,
sur Hix comme sur aucun
des morceaux de ce split tout en finesse.
La pression se relâche ensuite grâce à
la douceur étrange de
l'interlude, porte d'entrée vers l'univers de Lunt. Celui-ci
acoquine
son goût pour les expérimentations (post) rock
à des sonorités
électroniques. Cela donne Geodesic, sublime morceau
d'electronica
organique à faire pâlir d'envie Four Tet, puis
Stretched Meridians,
perle de post rock rêveur. Pour clôre cet album,
Lunt s'approprie le
morceau d'ouverture de son compère pour une relecture
magique de ce
titre superbe, malaxé avec beaucoup
d'ingéniosité.
Baxendall est la preuve que "expérimentation" ne rime pas
forcément avec "abscon".
Un grand album que nous offre l'excellent label Unique records.
Maguelone
Virga et Lunt, les projets de deux musiciens solitaires, Lionel Maraval
(Virga) et Gilles Deles (Lunt), s’offrent un split CD pour
rompre la monotonie et parcourir un bout de chemin en bonne compagnie.
Chacun intervient chez l’autre par remix
interposé, et une véritable collaboration
s’installe le temps d’un Hix où les
guitares de l’un (Lunt) et les beats de l’autre
(Virga) donnent à cette production "splittée" des
allures de travail en commun. Sur le trajet de ce voyage à
deux, on rencontre tour à tour des
références et des clins d’œil
à Micro:mega ainsi qu’aux productions du label
canadien Constellation (Stretched Meridians). Le très
réussi Shining qui ouvre et clôture ce disque
amorce une hypnose des plus envahissantes : aux boucles
électroniques et aux ambiances raffinées qui ne
sont pas sans rappeler les travaux des frères Humberstone
sur leur projet Les Jumeaux, s’ajoute un percutant et martial
glockenspiel. Puis sur Heliotrope, Virga crée la tension et
l’énergie à partir de ses machines,
comme un savant fou essayant de créer la vie dans ses
éprouvettes. Lequel savant insuffle un peu de
mystère au One Day de Lunt avec un remix aux allures de fin
du monde. Seul rayon de soleil dans ce laboratoire mal
éclairé, le superbe Geodesic de Lunt, tout en
guitares et finesse, parviendra à calmer les
tempêtes expérimentales
créées par son compagnon de route. Ce split CD
sonne comme l’album instrumental d’un seul et
même artiste tant les productions des deux artistes sont
complémentaires, et on leur conseille de recommencer.
Après tout, Virga & Lunt, c’est un bon nom
de groupe.
Bertrand Hamonou
"Beats oppressants contre guita étrange. Deux groupes
post-quelque chose qui jouent à se (nous) faire peur sur ce
split album original." c'est comme ça que le
réceptionniste, webmaster, homme à tout faire et
chef de POPnews m'avait décrit le projet de ce split album
entre deux des fers de lance du label toulousain Unique Records. Autant
dire que j'étais g‰té et que je
m'attendais à quelque chose, sinon d'exceptionnel, du moins
d'unique (je sais elle est facile, mais je n'ai jamais su
résister à la facilité). C'est donc
tout guilleret, les oreilles aux aguets que je me lançais
dans l'écoute de ce disque pas joyeux, mais intrigant. La
confrontation des univers de ces deux artistes conduira-t-elle au clash
ou à l'osmose ?re > Au départ tout est
parfaitement délimité : Virga démarre,
rejoint par Lunt qui enchaîne sans problème dans
cette course de relais d'un nouveau genre.
D'expérimentations d'apprenti chimiste (on n'est quand
même pas chez des prix Nobel du genre) en manipulations
génético-rythmiques déjà
vues ailleurs mais très bien
exécutées, chacun creuse son sillon de son
côté. Et à ce jeu là, c'est
Lunt qui s'en tire le mieux. Nettement moins boursouflés que
ceux de Virga, ses trois morceaux défilent, s'installent,
invitent à la contemplation. En fermant les yeux, j'arrive
presque à penser à Durutti Column. Et puis c'est
le retour de "Shining" un titre de Virga qui ouvrait l'album.
Remixé par Lunt il prend une nouvelle dimension,
étiré, spatial, remodelé, c'est
nettement mieux. Je me demande même si ce n'est pas le
meilleur titre du split album. De circonvolutions en figures
compliquées, le rythme se prend et l'on s'éprend.
Oui, c'est bien ici que l'osmose entre les deux se fait enfin. Et,
croyez moi, ça fonctionne... Allez, encore un effort et il
se pourrait que leur prochaine collaboration paye vraiment.
Gildas
Regroupés autour du label Unique records, Gilles Deles et
Lionel Maraval, officiant respectivement sous les noms de Lunt et
Virga, se retrouvent pour le projet "Baxendall" dans lequel ils mettent
dans le même pot leurs univers communs pour un album sombre
et puissant.
Entre guitares électriques et expérimentations,
le temps de huit titres, ils tissent une musique étrange et
plutôt séduisante.
C’est sur trois compositions énergiques
signés Virga que démarre l’album avec
un savant mélanges entre boites à rythmes,
samples et guitares saturées. Cette fusion se
révèle ici très inspirée
avec des titres tendus, des sonorités industrielles qui vous
baignent dans une ambiance post-apocalyptique du meilleur effet.
Le quatrième titre, né du travail commun des deux
musiciens, ("Hix") qui se veut peut-être plus proche de
l’univers de Virga que de Lunt nous donne à
entendre un morceau hypnotique fait de guitares distordues et
d’un beat frénétique ralenti vers la
fin.
La suite de l’album est signée Lunt que
l’on retrouve ici sur des morceaux moins
expérimentaux que sur l’album "Broken words and
lost answers" (sur la structure Hitomi Records) et qui donnent un
aspect plus serein au disque. Entre post-rock, ambient, minimal et
expérimental, Lunt offre trois titres lumineux qui se
présente comme le pendant inverse de Virga avec des
tonalités changeantes selon les morceaux.
Enfin, le disque se termine par un second travail en commun
(après "Hix") de Virga et Lunt ("Shining") dans lequel la
fusion entre les deux univers tourne à l’avantage
de Virga dont les sonorités lourdes et épaisses
prennent le pas sur les douceurs signées Lunt. Pour un
résultat qui n’en est pas moins mauvais.
Plus qu’une réelle nouveauté, ce split
LP est l’occasion de découvrir, si besoin
était, deux artistes aux univers parallèles et
qui se révèlent ici assez
complémentaires par certains aspects de leurs musiques.
Benoît Richard